Login

Jacques Gauvreau, éleveur de limousines « J’ai changé les dates de mise à l’herbe »

« Les sommes de températures sont des indicateurs qui nous permettent de prendre des décisions d‘entrée et de sortie des animaux optimales pour la qualité et la quantité d‘herbe consommée.»

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Indicateurs de stade physiologique, les sommes de températures nous orientent vers des décisions optimales d’entrée et de sortie des animaux dans les parcelles », témoigne Jacques Gauvreau, éleveur de limousines au Gaec de Geneste à Chamboulive (19). « Il faut pourtant s’adapter en permanence à la météo de l’année. En 2005, les 500°C jour ont été atteints au 16-17 avril, cette année, nous avons deux semaines d’avance. Aussi la difficulté de cette technique est -elle de jongler entre règles et souplesse, ce qui n’est pas la voie de la facilité. Mais quand j’observe les gains sur l’exploitation, j’ai envie de poursuivre et je continue d’en apprendre », relate l’éleveur.

Pour en savoir plus sur la gestion du pâturage avec l’utilisation des sommes de températures, lire l'article "Gestion de l'herbe - Pâturer la surface de base à 400°Cjour", en cliquant Ici

Jacques Gauvreau est entré en 2005 dans un groupe de travail de la Fédération régionale des Civam du Limousin (Centres d’initiatives pour la valorisation de l’agriculture et du milieu rural) orienté sur l’optimisation de la gestion du pâturage, en partie grâce aux connaissances des cycles de pousse de l’herbe selon les sommes de températures. Très concrètement en 2006, l’éleveur a changé les dates de mise à l’herbe des animaux.

20% de concentrés en moins

Gaec de la Geneste, à Chamboulive (19)
115 ha de SAU dont 10 ha de céréales,
105 ha d’herbe (moitié surface de pâture et surface de fauche)
Trois associés Jacques et Annie Gauvreau, Lucie Feugeas
Une centaine de vêlages race limousine
Vente d’une soixantaine de broutards et une vingtaine de vaches

« J’avais l’habitude de sortir dans la première quinzaine d’avril. Maintenant, j’essaie de sortir les animaux sur la surface de base à 400°Cjour. Je décale ensuite sur la surface complémentaire de laquelle j’essaie également de sortir à 500°Cjour. Après quoi, on revient sur la surface de base pour ne pas se laisser déborder par la pousse de l’herbe. Auparavant, j’avais tendance à laisser trop longtemps les bêtes sur la surface complémentaire, limitant le rendement de fauche et gaspillant l’herbe de la surface de base. En 2006, j’y ai vu plusieurs bénéfices », souligne Jacques Gauvreau. « Nous gagnons du stock en foin de deux manières. D’une part en sortant les animaux plus tôt dans l’année et d’autre part en ayant de meilleurs rendements sur les surfaces complémentaires. Sachant que 2006 est une année où beaucoup d’éleveurs se sont plaints des récoltes en fourrages. Pour notre part, nous n’avons pas été trop pénalisés. Dans ce système on gagne un peu en autonomie, ce qui nous permet plus facilement de pouvoir faire face à une petite sécheresse. »

Temps de séjour inférieur à 5


« J’avais l’habitude de sortir dans la première quinzaine d’avril. Maintenant, j’essaie de sortir les animaux sur la surface de base à 400°Cjour », relate l'éleveur (© Web-agri)
Autre avantage, avec une consommation continue d’herbe de bonne qualité, la distribution de concentrés a diminué. « La croissance des veaux est au moins largement identique avec une consommation moindre de concentrés, environ 20% l’année dernière sachant que cela n’a pas été une année favorable à l’herbe. Je pense qu’on peut encore faire un peu mieux. » Au Gaec de la Geneste, le gain moyen quotidien (Qmq) sur les veaux mâles est de 1.250 g/jour et entre 1.000 et 1.100 g/jour pour les femelles. «Ce Gmq est obtenu avec une phase de printemps sans distribution de concentrés, que je rajoute progressivement à partir de juin selon la baisse de la qualité de l’herbe.»
Ces performances sont permises par des temps de séjour plus courts sur les pâtures. « J’ai largement réduit les temps de séjour, pour me situer aujourd’hui entre 3 et 5 jours. Au delà de 5, on perd en repousse et on prend le risque de créer un décalage de pousse. L’idéal serait de réduire encore, descendre même jusqu’à 2. Sur certains lots, j’essaie d’être plus performant que d’autres. »
Cette gestion a permis au Gaec d’économiser sur le poste des engrais. « Avec des temps de séjour plus longs sur les parcelles, je mettais de l’azote pour faire repartir la prairie. Aujourd’hui, en tournant plus vite, le temps de repousse est allongé et j’ai plus besoin d’ajouter d’engrais azoté. » Jacques Gauvreau souligne enfin l’intérêt du travail de groupe.  « Nos certitudes et nos habitudes de travail sont parfois balayées et remises en cause. Mais ce regard extérieur lucide est source de progrès même si c’est un peu déstabilisant. Pour ma part, je bloquais sur un problème d’abreuvement qui m’handicapait pour la gestion des parcelles. J’ai fini par acheter une tonne à eau. A partir du moment où j’ai franchi le pas, je me suis donné les moyens de gérer le pâturage différemment. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement